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Photo du rédacteurRégis COUDRET

« Les fruits de la terre » de Sumatra à la fin du XIXème siècle (Troisième partie : Edmée JOUBERT)

Edmée JOUBERT, d'après un médaillon réalisé par Mademoiselle LEBLANC en 1865 (source : Archive familiale)
Edmée JOUBERT, d'après un médaillon réalisé par Mademoiselle LEBLANC en 1865 (source : Archive personnelle)

Préambule

Dans cette troisième partie des « fruits de la terre » de Sumatra à la fin du XIXème siècle, j’ai mis en avant le personnage de Pauline Marie Edmée JOUBERT devenue Madame Joseph BOUCHARD. Edmée était la fille aînée de Paul JOUBERT et de Marie BOURGOUIN et une des nombreuses nièces de mon trisaïeul, Henri JOUBERT. Elle est née le 16 Mars 1864 à Poitiers et épousa le 19 Octobre 1887 à Bressuire dans les Deux Sèvres, Joseph dont elle était tombée amoureuse [1]. Elle avait 23 ans. Joseph qui en avait 34, était revenu de l’île de Sumatra en milieu d’année, non seulement pour se marier, mais aussi pour lever des fonds dans l’affaire de tabac qu’il avait démarré dans la colonie Néerlandaise.

Arbre d’ascendance d’Edmée BOUCHARD, née JOUBERT (source : Geneatique)
Arbre d’ascendance d’Edmée BOUCHARD, née JOUBERT (source : Geneatique)
Projet de plantation de tabac à Sumatra 1888 (source :Archive familiale)
Projet de plantation de tabac à Sumatra 1888 (source :Archive personnelle)

Le 27 Décembre, Joseph confiait à son beau-frère, Jean GUERRY DAVID, avocat d’affaires à Angoulême, le soin de défendre son projet auprès d’investisseurs français. Il n’attendit pas que les banquiers potentiellement intéressés s’engagent sur son projet, pour repartir avec sa jeune épouse. La mise en culture des plants de tabac nécessitait sa présence à Bandar-Mariam, sa plantation de Serdang.

Au grand dam de sa mère, Marie JOUBERT qui ne s'attendait pas à un départ de sa fille aussi précipité, Edmée embarqua le 1er Janvier 1888 avec Joseph sur « l’Anadyr », un vapeur des Messageries Maritimes, à Marseille. A peine installée à bord, Edmée commença un journal intime sur un petit agenda de la nouvelle année : «  1er Janvier 1888 - A quatre heures : Où dormirons nous cette année commencée sur la grand mer salée, c’est le secret de Dieu ! Le navire dérape… La rade disparait ; on affecte un air de vaillance, mais le cœur est ému, les yeux humides. Puis voilà qu’à cette émotion mal dissimulée, s’ajoute un malaise soudain. Je fais connaissance tout à la fois avec une Méditerranée exécrable, ma cabine et le mal de mer… »

« l’Anadyr à Port Saïd » - (source ; Collection Ctre. Am. Adam)
« l’Anadyr à Port Saïd » - (source ; Collection Ctre. Am. Adam)

Le voyage d'Edmée jusqu'à Medan


Un récit de Xavier BRAU de SAINT POL LIAS paru dans le Journal de voyages de 1894 (source : Gallica)
Un récit de Xavier BRAU de SAINT POL LIAS paru dans le Journal des Voyages de Décembre 1894 (source : Gallica)

La destination du jeune couple était Medan, devenue la capitale de la « Residens » [2] de Deli au Nord Est de Sumatra. Edmée, élevée par les Sœurs Ursulines, partait à la découverte d’un monde dont elle ignorait tout. Si ce n’est ce qu'elle en avait rêvé, jeune fille, en lisant des récits de voyage [3]. Joseph, planteur aguerri par huit années d’expérience sous l'équateur, repartait en Orient avec la certitude d’y faire fructifier ses affaires.

Edmée avait débarqué sale et exténuée, avec son mari et ses malles le 23 Février à Medan. Joseph l'avait installée dans un hôtel qui lui parut miteux. « Après les hôtels européanisés des Straits Settlements, l’auberge a la diable des pays neufs » lui dit-elle. « C’est momentané » lui avait-il répondu. Au début de leur séjour, ils dînèrent « à table d’hôte ; les convives excités par la bière et le champagne, se lançaient les verres et les bouteilles à la tête… ils tapaient sur la table en hurlant des refrains bacchiques… Nous n’avons pas attendu le dessert pour nous sauver. ». Joseph s’absenta les jours suivants pour leur trouver une demeure. Edmée se barricada dans la chambre d'hôtel, préférant y dîner avec toutes sortes de cancrelats, plutôt que de subir ces rustres [4]. Le momentané dura cinq jours.

Edmée eut tout le temps alors de se remémorer son voyage de deux mois. Il avait d’abord été agité en Méditerranée, puis de plus en plus chaud entre le canal de Suez et Aden dans le Sud de la Mer Rouge. Après une escale rapide, « l’Anadyr » avait traversé à toute vapeur l’immense Océan Indien. Edmée avait pu enfin descendre à terre dans la capitale de l’inoubliable perle des Indes : Ceylan [5]. Sa visite de la capitale Colombo, l’avait comblée mais avait été si courte. Elle n’avait eu que trois jours pour parcourir les marchés où elle s’était enivrée d’odeurs et de couleurs, avant de reprendre la mer avec regret. Elle avait quitté « l’Anadyr » à Singapour et attendu quelques jours avec son mari dans un hôtel européen, l’arrivée du vapeur « Mercury ». Ce rafiot devait leur faire traverser le détroit de Malacca pour atteindre Sumatra. 

La rade de Colombo à la fin du XIXème siècle (source : Archive personnelle)
La rade de Colombo à la fin du XIXème siècle (source : Archive personnelle)

Le confort de ce dernier transport n’avait évidemment pas été celui des premières classes de « l’Anadyr ». « Les cabines du Mercury sont inhabitables, vrais placards sans air… le spectacle de la salle de bains m’a dégoûté de toute ablution, … ». En plus, le « Mercury » était tombé en panne en mer. Alors que l’eau commençait à manquer à bord, ils avaient été remorqués par un autre petit vapeur hollandais dont l’équipage devait être à moitié pirate… Maintenant, il lui fallait encore braver la crasse de cet hôtel rempli de personnages douteux, en quête d’aventures.

Enfin, le 28 Février, Joseph trouva une maison dans un faubourg de Medan qui voisinait avec la forêt. « L'impasse où elle s'élève, bordée de haies vives ombragés de beaux arbres, aboutit au palais du Prince de la famille régnante, Premier ministre du sultan de Delhi ». « Dans notre rue circulent des sergents de ville malais, sanglés dans un uniforme de toile bleue, passementé de jaune, et traînant derrière eux un grand sabre. » Rassurée peut-être par cette présence policière, Edmée put se remettre de ses émotions. Elle écrivit dans son journal : « Demain, je débuterai comme maîtresse de maison à Sumatra. Mon ignorance du malais rendra ma tâche plus ardue. Je prévois plus d'une épineuse contestation entre moi et ces indigènes… Étendu sur ma chaise longue, je dis adieu ce soir, à mon existence de voyageuse. Demain sera une vie nouvelle dans une ville nouvelle. »


La nouvelle vie d'Edmée


Décidée donc à mener sa nouvelle vie, Edmée s’aventura au crépuscule avec Joseph, dans l’unique promenade de Medan plantée d’arbres : « Dans vingt ans, ils donneront de l’ombre ». C’était l’heure où on pouvait espérer croiser les rares femmes européennes, ayant eu le courage d’accompagner leur mari planteur dans cette contrée. Elle toisa d’abord « une blonde Néerlandaise, vêtue d’un peignoir blanc, chaussée de bas blancs et de souliers noirs… Tandis que l’étrangère regardait curieusement ma toque de paille, je m’étonnais de la voir circuler dans la rue sans autre coiffure que le casque doré de ses cheveux ». Un peu plus loin, elle remarqua qu’elle faisait aussi exception, en portant des gants. Elle en conclut que : « les modistes et les gantiers ne feront jamais fortune à Medan…  ». Une tenue de maison semblant admise partout en raison de sa simplicité, elle adopta une nouvelle garde-robe « indigène élégantisée », mais moins corsetée et tellement plus agréable. Edmée passa le mois de Mars à tenter de prendre la main sur la conduite de sa maison : « Mes études de malais réussissent mal… Je n’arrive comme résultat qu’à donner des ordres qui ahurissent mes domestiques ».

Au début du mois d’Avril, elle se sentit soudainement abattue. Joseph remarqua son état de somnolence et le mit d’abord sur le compte des premières chaleurs de l’été équatorial. Bientôt, il fallut se rendre à l’évidence : Edmée était enceinte. Le 13 Avril, il écrivit à sa belle-mère Marie : « J’ai un bon espoir à vous confier… Je crois notre chère Edmée enceinte et vous pouvez penser si cela me comble de joie… ».

La perspective de devenir père redonna de l'énergie à Joseph. Il commençait en effet à désespérer de voir ses affaires aboutir à Bandar-Mariam. Son associé TABEL était en train de lui faire faux bond sur le terrain, et il avait beau relancer son beau-frère, mandaté avant son départ, celui-ci était aux abonnés absents. Malheureusement pour Joseph, une crise sur le marché du tabac à Amsterdam venait de démarrer suite à la faillite d’un des plus gros planteurs de Sumatra. Les banquiers et autres souscripteurs approchés par Jean GUERRY DAVID, « n’ayant pas l’expérience des affaires internationales », refusèrent in fine de s’engager [6].

Faire-part de Baptême de Paul Marie Henri BOUCHARD du 9 Avril 1889 (source : Archive personnelle)
Faire-part de Baptême de Paul Marie Henri BOUCHARD du 9 Avril 1889 (source : Archive personnelle)

Heureusement, la grossesse d'Edmée se passait plutôt bien. D'après Joseph qui tenait régulièrement informée sa belle-mère, Edmée ne souffrait que de la chaleur. En Juillet, il écrivit : « Voilà le quatrième mois fini et aucun vomissement, presque aucun malaise ne l’a fatiguée… Mais à part la chaleur, Edmée se porte bien, même très bien, mangeant de tout, etc … il y a donc de bonnes raisons pour espérer que cela continue jusqu’à la fin et qu’un dénouement heureux couronnera le tout ». Assistée d'une voisine « qui a eu sept enfants » et d’une domestique javanaise, Edmée mit au monde un petit garçon : « le 1er Décembre à 2 heures précises, Monsieur Paul Marie Henri BOUCHARD a fait son entrée dans les meilleures conditions possibles ».

Les relevailles [7] d’Edmée ne se firent que trois semaines plus tard. Tout s’était passé pour le mieux et le bébé était le plus beau du monde, mais le médecin hollandais qui avait ausculté Edmée avait quand même demandé à ce que la parturiente ne se lève pas trop vite et mange du « bouillon à la poule ». Edmée alternait allaitement et repos, découvrant son enfant et sa nouvelle condition. Henri se révéla être : « gros et gras, vigoureux et bien conformé… mangeant et dormant bien sans trop de cris, etc.. », facilitant certainement les choses. Les deux seules ombres à ce parfait tableau de famille furent d’une part, l’absence de missionnaire catholique susceptible de baptiser l’enfant et d’autre part, l’attitude de la domestique javanaise. « Notre bonne n’est pas mauvaise, beaucoup de bonne volonté, tenant bien l’enfant, procédant à sa toilette, etc… mais sotte et entêtée dans ses croyances et superstitions javanaises dont il est extrêmement difficile de lui interdire l’usage sur Edmée et Henri ». Cela finit par irriter Joseph. Il se mit en quête d’une nurse anglaise. Quant à Henri, il fut d’abord ondoyé par son père. Un missionnaire catholique, le Révérend Père STAHL, de passage à Medan et en route pour le Royaume de Sarawak sur l’île de Bornéo , le baptisa enfin au mois d’Avril 1889.. La nurse anglaise, Miss PEARSONS, n’arriva de Singapour qu’au mois de Novembre 1889. « Je me trouvais en face d’une jeune personne grande, assez forte pour une anglaise, parfaitement laide mais mise avec goût et qui entra en matière avec Henri avec une parfaite simplicité, ce qui me plaît. ». L’histoire ne dit pas à quel moment Joseph vira la « bonne » javanaise … Il faut dire aussi que son mari s'occupait plutôt bien de la cuisine. Ce qui aida peut-être Joseph à digérer pendant quelque temps encore les superstitions locales.


« Une grave résolution »


Extrait de l’acte de cession de la plantation de Serdang du 18 Février 1889 (source : Archive personnelle)
Extrait de l’acte de cession de la plantation de Serdang du 18 Février 1889 (source : Archive personnelle)

Pendant tout ce temps, Joseph avait continué d’exploiter ses parcelles de tabac. Il, comptait sur les fluctuations du cours [8], très chahuté, pour vendre au mieux son terrain. Le 18 Février 1889, il finit par le céder à un planteur hollandais de Serdang, Emil Johan BORRING pour la somme de 24,000 dollars, soit 100 000 francs environ. Joseph tenta alors quelques combinaisons financières sur place. Celles-ci fort heureusement n’eurent pas de conséquences fâcheuses sur le train de vie de la petite famille. Joseph dut quand même s’engager sur l’honneur auprès de son beau-père à ne pas toucher à la dot de son épouse. Et il envisagea quelques économies au sein du foyer. Edmée dut ainsi se passer un temps de ses abonnements « littéraires, politiques ou mondains ». Joseph demanda à un de ses beaux-frères, Jacques JOUBERT, de résilier en son nom l’abonnement à « la Revue des Deux Mondes » mais de garder celui de « la Mode illustrée, car ceci est un instrument de travail et peu cher ». Edmée en avait besoin pour ses travaux de couture,

Extrait de la Mode Illustrée du 5 Janvier 1890 (source :Gallica)
Extrait de la Mode Illustrée du 5 Janvier 1890 (source :Gallica)

Les montages financiers de Joseph tombèrent à l’eau les uns après les autres. Hésitant à rentrer définitivement en France, il prit finalement au début de l’année 1890 une résolution. Le 3 Février, Joseph écrivit : « Mes chères deux mères et mon cher père, je vous écris une lettre collective pour vous annoncer une nouvelle (résolution) grave et définitive que j’ai prise il y a quelques jours et dont je me hâte de vous informer… Un français établi à Singapore, planteur de café, déjà vieux, m’a proposé de le remplacer comme administrateur de sa plantation pendant un voyage qu’il compte faire en France à cause de sa maladie, …maladie dont on ne revient guère. Ne voyant aucune affaire à monter en ce moment à ma convenance, j’ai accepté et nous partons dans une quinzaine pour Singapore pour nous y établir. L’avenir nous apprendra si j’ai eu tort ou raison… Désormais, nous vous prions de nous adresser toute notre poste, … à Monsieur Bouchard, Chassériau Estate, Singapore ».


Bukit Timah


Deux ans plus tôt,  lors de leur escale à Singapour, Joseph et Edmée avait fait la connaissance de Monsieur Léopold CHASSERIAU, propriétaire d'une plantation de caféiers florissante de la colonie Anglaise. Ils étaient alors à l'hôtel de « l'Europe » dans l’attente du  « Mercury » qui devait les emmener à Sumatra. CHASSERIAU les avait invités dans sa plantation de Bukit Timah [9], situé non loin du port. Dans son journal intime, Edmée nous a laissé une description du futur employeur de son mari et de son exploitation : « Le manager, d’origine française, jouit dans la colonie d’une réputation d’excentricité qui me semble justifiée. Ce vieillard, embarqué comme mousse à l’âge de dix ans, a mené l’existence la plus accidentée qu’on puisse rêver et fait et défait plusieurs fortunes. A soixante ans passés, séparé de sa femme et de ses fils avec qui il ne s’entendait pas, il vit seul dirigeant une exploitation considérable. Très aimable, il nous a promenés en voiture au travers des massifs de caféiers dont nous avons admiré la masse sombre, semée d’étoiles blanches et de baies de corail… Ces fleurs répandent une odeur exquise… Ce n’est pas le Moka d’Arabie qu’on cultive ici. Il exige une altitude plus élevée et un climat froid très différent de celui de Singapour. On a donc tenté dans cette plantation d’acclimater des caféiers à grosses baies, originaires du Libéria. Avec succès même si ce café est d’une qualité de beaucoup inférieure au Moka et manque surtout d’arômes. » Malgré leur différence d'âge, Joseph et Léopold avaient sympathisé.

Extrait de l’acte de naissance de Radegonde Edmée Marie BOUCHARD le 12 Mai 1890 à Bukit Timah (source : Archive personnelle)
Extrait de l’acte de naissance de Radegonde Edmée Marie BOUCHARD le 12 Mai 1890 à Bukit Timah (source : Archive personnelle)

En 1890, Joseph n’avait toujours pas de position stable et ses beaux-parents le poussait à rentrer en France et assurer un avenir pérenne à sa famille. Edmée était à nouveau enceinte de cinq mois et demi. Joseph hésitait, lorsque Léopold CHASSERIAU lui proposa ce poste d’administrateur. Il offrait à Joseph de bonnes conditions : «  Il m’offre 200 dollars par mois, un intérêt aux bénéfices, ses chevaux et voiture et met sa maison à ma disposition ». En somme, Joseph n’avait plus à se préoccuper de nourrir sa petite famille pendant un temps. Et il n'abandonnait pas son ambition de faire fortune dans les affaires.

Les BOUCHARD quittèrent Medan pour rejoindre Bukit Timah. Le petit Henri avait alors 14 mois et demi et faisait ses premiers pas avec Miss PEARSONS. Malgré les fatigues de sa nouvelle grossesse, Edmée n’était pas fâchée de quitter Médan. Edmée eut le temps de s'installer confortablement dans la demeure de CHASSERIAU avant d'accoucher. Radegonde Edmée Marie naquit le 12 Mai 1890 à dix heures du matin. Le médecin, prévenu dans la nuit par Joseph, arriva à 9 heures et demi. Il dit à Joseph : « Tout va bien, il n’y a rien en souffrance… Nous pouvons aller fumer un cigare car ce ne sera pas avant une heure ou deux d’ici. » Devant l’invite, Joseph allait lui en offrir un sur le perron lorsque : « nous entendons crier : c’est fait et cela était vrai. Le pauvre docteur jette son cigare à droite, la boîte d’allumette à gauche, se précipite et trouve une petite fille. Penaud et confus, il a voulu réparer son erreur et a soigné le reste avec une dextérité admirable… ». Malgré un début de congestion à la naissance, Marie se révéla aussi vorace que son frère : « elle est née extrêmement rouge, presque violette… il n’y paraît presque plus rien. Elle a pris le sein très bien et crie comme trois Henri ». L’histoire ne dit pas comment Henri prit l’arrivée de sa petite sœur. 

Marie et Henri BOUCHARD avec leur « nounou » chinoise et sa fille, en 1891 (source : Archive personnelle)
Marie et Henri BOUCHARD avec leur « nounou » chinoise et sa fille, en 1891 (source : Archive personnelle)

Epilogue


Petit à petit, Edmée acceptait sa condition de « mère nourricière ». A Singapour, Monseigneur Edouard GASNIER, « un de mes compatriotes angevin », écrivit elle à sa mère, l'orienta vers la Mère Supérieure des Dames de Saint Maur. Elle trouva auprès des religieuses « le secours de la Religion » qui lui avait manqué à Medan. Joseph lui, était accaparé par son « job ». Celui-ci ne différait pas beaucoup de celui d’administrateur d’une plantation de tabac, si ce n’est évidemment la nature de la culture. Planter des caféiers s'avérait beaucoup plus simple. Idem pour la récolte. Pour autant, Léopold CHASSERIAU ne partit pas tout de suite pour la France. Il supervisa d'abord le travail de son nouvel administrateur, qu'il considéra bientôt comme son fils, lui apprenant les ficelles permettant d'exporter un « bon café » vers l'Europe. Bientôt, il introduisit Joseph dans le sérail des planteurs de Singapour. Son avenir et celui de sa famille dans la colonie Britannique semblait enfin en bonne voie. Nous verrons ce qu'il en sera dans un prochain épisode.


« Coffea liberica », arbre en fleurs planté en 1896 à Lampung – (source : Wikipedia).
Un caféier « Liberia » en fleurs, planté en 1896 à Lampung – (source : Wikipedia).

A suivre prochainement : Joseph part en exploration dans le Détroit de la Sonde, huit ans après l'explosion du volcan Krakatau..


Notes de fin


[1] D’après le journal intime d’Edmée JOUBERT commencé en 1888.


[2] La « Residens » est le nom donné aux provinces de Sumatra par les Néerlandais


[3] Comme ceux de BRAU de SAINT POL LIAS, parus dans « le Journal des Voyages » ou encore « la revue des Deux Mondes ».


[4] Edmée assista sans doute au « Hari Besar », le jour des planteurs. Tous les quinze jours, ceux-ci venaient boire leur paye dans un hôtel de Medan. (voir pages 53 et suivantes de « Délire des Tropiques » de Laszlo Szekely aux Ed. Olizane)


[5] Ancien nom de l’actuelle Sri-Lanka.


[6] Pourtant cette crise n’était que passagère. Son beau-frère se révéla t’il incompétent en affaires ou fit-il payer à Joseph son départ précipité huit ans plus tôt ?


[7] La première origine de cette tradition est religieuse. Les femmes devaient rester un temps éloignées des lieux de culte et recevaient une bénédiction particulière après 40 jours.


[8] Fin 1889, une véritable crise agricole mondiale avait démarré qui impacta le marché européen et plus particulièrement celui d'Amsterdam et donc le tabac de Deli. Deux raisons semblent émerger concernant le tabac de Deli : D’abord une surproduction de qualité inférieure de son tabac et le retrait subit des acheteurs des Etats Unis, principaux clients, causé par la mise en place de droits d’entrée importants des produits en Amérique dont le tabac (sauf cubain) se trouva frappé (Bills Mac Kinley).


[9] Nom qui signifie colline d’Etain. Aujourd'hui Bukit Timah est devenu une banlieue résidentielle de Singapour.






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1 Comment


Michèle
il y a 2 jours

Tu nous tiens vraiment en haleine, avec ces voyages,ces naissances et parcours de vie tellement chargés d’exploration et de hardiesse!

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