Au XVIIIème siècle, le choix d’un métier
Au XVIIIème siècle, « presque tous les métiers se transmettent de père en fils, du plus simple domestique au conseiller du Roi, ... Lorsque le gamin ne peut pas travailler avec son père, pour cause de prédécès de celui-ci,… l'alternative se réduit entre le travail en atelier dans les villes ou le travail de main-d’œuvre à la campagne,… grossissant la population des nombreux journaliers, .... » [1]. Parmi mes ancêtres devenus orphelins avant l’âge adulte, comme cela était souvent le cas à cette époque, j’ai choisi de vous parler de Jean Baptiste COUDRET [2]. Benjamin d’une fratrie de huit enfants, Jean Baptiste n’eut apparemment pas d’autre choix que de louer ses bras lorsqu’il fut en âge de travailler. Un certain nombre d’évènements l’amenèrent un jour à quitter sa campagne. Aussi loin que je puisse remonter dans les registres de la paroisse des Essarts-le-Roi [3], petit village rattaché au diocèse de Chartres, Jean Baptiste COUDRET semble être d'ailleurs le premier du nom à avoir migré vers la ville. En l’occurrence, il s’agissait de la ville de Versailles. Là, il exerça un petit métier prisé à l’époque : « râpeur de tabac ».
Sur le chemin des « maçons limousins »
Jean COUDRET, le père de Jean Baptiste avait un métier, celui de menuisier tonnelier. Mais il n’eut pas le temps de transmettre son art [4] à l’un de ses fils. Marié aux Essarts-le-Roi en 1701 à Magdeleine MANSEAU [5], il avait eu cinq garçons et trois filles. A la mort de son mari en 1718, Marie Magdeleine avait encore deux fils et deux filles [6]. L’aînée, Marie Magdeleine avait douze ans. Le puiné, Louis, en avait neuf. Suivaient Jean Baptiste et Marguerite, baptisés un même jour, le 4 Avril 1714.
Les enfants, tous mineurs, furent mis sous tutelle [7]. Je suppose qu’un Conseil de famille désigna un subrogé tuteur à Marie Magdeleine. Malheureusement, je n’ai pas retrouvé le nom de ce tuteur, ni son métier qui aurait pu m'éclairer sur l'avenir des orphelins. J’ai donc imaginé que Marie Magdeleine garda la cotutelle de ses enfants et qu’elle continua à les élever. Ce qui est sûr, c’est qu’en 1718, ses fils étaient trop jeunes pour entrer en apprentissage [8]. et qu'elle ne se remaria pas.
Depuis le début de la construction du château de Versailles en 1664, Les Essarts-le-Roi était sur le chemin des « maçons limousins » [9]. Ces hommes, venus la plupart de la Creuse, migraient chaque année, dès la fin de l’hiver, vers les grands chantiers de France. Ceux-ci ne manquaient pas au début du règne de Louis XV, que ce soit dans la ville de Versailles ou encore au château de Rambouillet et ses environs [10]. En 1729, Marie Magdeleine maria sa fille aînée à un de ces maçon limousins. Joseph LE ROUX était natif de Rançon dans le diocèse de Limoges. J’ai imaginé qu’après son mariage, Joseph avait embauché son beau-frère Louis comme tâcheron. En tout cas, Louis rejoignit bientôt la corporation des maçons [11] avant de se marier aux Essarts en 1737 [12].
Jean Baptiste partit chercher fortune
à Versailles
En 1729, Jean Baptiste n’avait que 15 ans. Sa mère avait besoin de lui pour rapporter un salaire à la maison. Je pense que Jean Baptiste n’eut pas d’autre choix que de se louer de façon saisonnière dans la campagne environnante, comme l’avait fait nombre de ses ancêtres lorsqu’il n’y avait pas disette. On peut d’ailleurs imaginer que sa sœur jumelle, Marguerite, n’eut pas d’autre alternative que de devenir lavandière [13]. En 1738, Jean Baptiste était encore dans les environs de Saint Corneille - Saint Cyprien, la paroisse des Essarts-le-Roi. J’en veux pour preuve la mention de son nom comme témoin [14], à plusieurs reprises dans des actes paroissiaux des Essarts avant cette date.
La même année, le Contrôleur général du Roi Louis XV, Philibert ORRY instaura une nouvelle corvée, dite royale. Cet impôt consistait à astreindre « tous les habitants… situés à une distance de quatre lieues de part et d’autre d’une route… pour la construction ou l’entretien des chaussées ». De plus, « chacun était redevable gratuitement de trente jours de corvée par an ».
La route royale [15] qui reliait Rambouillet à Versailles passait juste à côté des Essarts. Elle était bien sûr empruntée par les maçons montant à Versailles, mais aussi par les carrosses. Et notamment par celui du Comte de Toulouse. Louis Jean Marie de BOURBON [16] qui venait d’hériter du château de Rambouillet. Il passait beaucoup de temps avec sa mère, la Marquise de GONDRIN, née Marie Victoire de NOAILLES sur cette route, pour rejoindre la cour de Versailles distante d’à peine huit lieues [17]. Marie Victoire avait alors la faveur du Roi et sa venue à Versailles ne supportait pas le moindre délai. Ce qui fait que le bon état de cette chaussée en particulier devait être constamment maintenu. Ladite corvée royale était particulièrement inégalitaire et ce sont les plus petits des sujets de Louis XV, comme les journaliers qui l’assuraient la plupart du temps. Jean Baptiste, « taillable et corvéable à merci », en eut peut-être marre un jour de courber l'échine, surtout de façon gratuite.
Sa mère, Magdeleine MANSEAU était décédée deux ans plus tôt et Marguerite, venait d’épouser un autre maçon limousin, Mathurin MERIGOT. Celui-ci n’avait pas besoin d’un tâcheron. Jean Baptiste n’allait pas attendre sur le bord du chemin.
Un de ses cousins issus de germain, qui faisait partie des équipages du Comte de Toulouse, obtint de son Maître que Jean Baptiste se présente au « Grand Commun » de Versailles. N’ayant plus vraiment d’attache aux Essarts, ni de quoi manger peut-être - 1738 fut une nouvelle année de disette [18], Jean Baptiste, muni d’un maigre viatique et d’une recommandation, emprunta la « grand route » de Rambouillet et partit chercher fortune à Versailles.
Jean Baptiste, domestique
chez la Comtesse de Polastron
Les années 1738 à 1742 furent particulièrement terribles en France. La crise frumentaire déclenchée par la disette de 1738, puis celle de 1740, fut accompagnée d’une épidémie de grippe pulmonaire. Elle causa de nombreux décès, particulièrement en Ile-de-France [19]. Jean Baptiste, dont je perds la trace entre ces deux dates, survécut à ces misères récurrentes. Il apparaît une première fois dans le registre des mariages de Versailles en 1744.
Le 11 Février de l’an de Grâce 1744, Jean Baptiste épousa Marie Anne JOANNIS, une Versaillaise de la paroisse Notre Dame, située dans la partie dite « nouvelle » de la ville. La famille de Marie Anne, dont feu le père, Jean JOANNIS, avait été « marchand peaussier », était établie place de l’ancien Marché, non loin de la rue de la Paroisse. Les aïeux de Marie Anne, les BERRURIER, étaient Versaillais depuis au moins un demi-siècle. Marie Anne avait même un cousin issu de germain, Louis DES, procureur au bailliage de Versailles. Jean Baptiste, lui, n’était Versaillais que de de fraîche date et de surcroît, orphelin. Pour autant était il de moindre condition sociale que son épouse ?
Deux jours avant la cérémonie religieuse, Jean Baptiste et Marie Anne passèrent devant Maître DUCRO, notaire à Versailles, un contrat mettant en « uns et communs tous biens, meubles et conquêts immeubles suivant la coutume de Paris ». Marie Anne n’arriva pas sans dot. Mais Jean Baptiste apporta autant à la communauté des biens « en la forme de quatre cents livres tant en deniers comptant ... qu’il a dit provenir de son épargne… ». 400 livres de l’époque [20], c'était un pactole, surtout si on considère que Jean Baptiste avait quitté les Essarts, simple journalier et à priori sans ressource. Comment s’était il constitué une telle épargne ?
En 1744, Jean Baptiste réapparaît comme il est écrit ci-dessus :« domestique de Madame la Comtesse de Polastron, demeurant au château de cette ville ».
En arrivant à Versailles, quelques années plus tôt, Jean Baptiste s’était présenté, muni de sa recommandation au « Grand Commun ». Dans ce bâtiment carré, situé en face de l’aile gauche du Château, où logeaient plus de 1 500 serviteurs et officiers royaux, il négocia un matelas sous les combles. Toutes les personnes logeant sur place, avaient une caractéristique commune : elles servaient d'une manière ou d'une autre un courtisan qui avait « bouche à la cour » [21]. C’était le cas de la Comtesse de POLASTRON, Françoise Jeanne Yolande de MIRMAN, au service de laquelle Jean Baptiste fut attaché. Dans un premier temps, il fut affecté à la râpe des légumes aux cuisines. L’essentiel pour l'heure n’était il pas qu’il soit logé et qu’il put se nourrir ?
Françoise Jeanne Yolande de MIRMAN était devenue Comtesse de POLASTRON par son mariage en 1715 avec Jean Baptiste, Chef du nom et Lieutenant Général des Armées du Roi. Plutôt que de se morfondre sur ses terres en Languedoc, pendant que son mari guerroyait quelque part en Autriche ou en Prusse, Yolande avait rejoint sa fille aînée, Marie Henriette de POLASTRON, Comtesse d’ANDLAU à Versailles. Marie Henriette était devenue en 1739 la « dame pour accompagner Mesdames les Ainées », c’est à dire gouvernante de Madame Henriette et Madame Adélaïde, filles du Roi Louis XV [22]. Elle était donc logée au château et sa mère avait pu profiter de son appartement.
Le Comte de POLASTRON mourut à Volin en Bohème en 1742 [23]. Sa veuve avait alors 55 ans. Un âge respectable pour l’époque. Le jeu et une prise de tabac de temps à autre aidaient Yolande De MIRMAN à passer le temps à la Cour, moins souvent ses migraines. Comme beaucoup de femmes sous Louis XV, elle prisait mais bien sûr ne « grivoisait » [24] pas son tabac elle-même. Elle se contentait de prélever dans sa tabatière ouvragée un peu de son contenu pulvérulent qu'elle inhalait, en essayant de ne pas noircir son nez. Son domestique, Jean Baptiste avait acquis une certaine maîtrise de la « grivoiserie » en râpant des légumes. Il fut bientôt désigné « râpeur de tabac à domicile » de Madame la Comtesse douairière. Nous allons voir comment.
Jean Baptiste, « râpeur de tabac à domicile »
En 1726, la Compagnie des Indes qui supervisait le monopole du tabac avait repris à son compte le principe de la carotte de tabac en cours depuis le siècle précédent. Une carotte était un genre de gros boudin fuselé, fait de feuilles de tabac séchées, enroulées et maintenues bien serrées par une ficelle. Le tout ressemblait étrangement au légume dont il porte le nom [25]. La ficelle portait la marque de la Ferme du tabac. Cette institution était chargée de gérer la bonne distribution du produit. L’acheteur devait exiger la ficelle. Elle attestait de l’origine du « petun »[26]. Tout le personnel de la Ferme, du Fermier général au plus petit commis était pénétré de l’idée : « Hors la carotte, hors le ficelé, il n’y a point de salut ». Le tout était censé combattre efficacement la carotte de contrebande, « mal ficelée ».
Seulement, sous Louis XV, les habitudes des consommateurs dans les grandes villes avaient changé. Jusque-là, tout un chacun s’encombrait pour priser, d’un attirail constitué d’une râpe et de sa longue et lourde carotte. Petit à petit, les tabatières s’étaient substituées à l’ensemble. En 1738, les acheteurs ne voulaient plus que du râpé. Les marchands de tabac qui avaient pignon sur rue, empressés à satisfaire leur clientèle, commencèrent à râper avec ardeur, employant des journaliers qui mélangeaient tabac de la Ferme (taxé [27] mais de qualité) et tabac de contrebande (non taxé par définition mais de moindre qualité). Le hic, c'est que personne ne pouvait juger scientifiquement de la qualité d'un tabac. Et comme les ficelles, marquées ou pas, disparaissaient naturellement au moment du râpage, ce furent les beaux jours des faux bouts.
La Ferme s’organisa pour combattre les contrevenants. et le pouvoir royal lui donna autorité. Des commis assermentés surveillèrent étroitement la chaîne de distribution depuis la constitution des carottes en Manufactures royales jusque chez les débitants qui avaient pignon sur rue. Des perquisitions étaient même autorisées dans les arrière-boutiques. Et les sanctions pouvaient être très lourdes.. Au mieux, on retirait aux débitants la faculté de râpage. Au pire, c’était un séjour aux galères…
Les débitants de certaines villes comme Versailles constituaient une puissance avec laquelle il fallait compter. Ils avaient des protecteurs influents, souvent intéressés à la prospérité de leurs affaires. Mais pour éviter tout fâcheux contrôle, la profession inventa alors le « râpeur de tabac à domicile ». Si la surveillance des boutiques pouvait se faire, celle de domiciles comme le château de Versailles ou le « Grand Commun », était inenvisageable.
J’ai imaginé que le marchand de tabacs qui tenait les comptes des POLASTRON se mit à fournir Jean Baptiste en carottes. De retour à son office, Jean Baptiste empoignait sa râpe à tabac d’une main et de l’autre frottait le plus finement possible, les vrais et les faux bouts pour en obtenir une poudre qu’il recueillait soigneusement à l’extrémité de la râpe avant de la verser dans une tabatière de transport. Il livrait ensuite le paquet de poudre de l’autre côté de la rue, où l’attendait la femme de chambre de la Comtesse douairière.
Pour ce type d’opération, Jean Baptiste devait toucher plus de « sols » qu’il n’en fallait pour se loger dans un entresol. Cela lui permit de se constituer une épargne.
Jean Baptiste put nouer un réseau de relations avec la domesticité logée au Château et les commerçants de tabac en ville. Sur son acte de mariage, une des témoins s’appelle Claire RERMONT, également domestique des POLASTRON. Je l’ai imaginé femme de chambre de la Comtesse douairière, remplissant tous les jours la tabatière ouvragée de sa maîtresse. Un autre témoin, mentionné comme « marchand » sur l’acte notarié de mariage s'appelle Michel ROBLASTRE. Ce personnage apparaît ensuite sur un certain nombre d’actes de naissance des dix enfants que Jean Baptiste eut avec Marie Anne JOANNIS. Ainsi il est précisé sur celui de Louis, son deuxième enfant, né en 1747, que Michel ROBLASTRE, témoin, est bien « Marchand de tabac ».
A cette date, Jean Baptiste était toujours domestique de Madame de POLASTRON. Et peut-être encore « râpeur de tabac à domicile ». Mais pour combien de temps ? En 1748, le voilà désigné « bourgoi », autrement dit bourgeois sur l'acte de baptême de son troisième enfant, Hubert. Les affaires semblaient prospères.
Mais, pour la naissance de sa première fille, Marie Françoise, le 18 Avril 1749, il n’est plus que « journalier ». Que lui est-il arrivé ?
En 1746, Marie Henriette de POLASTRON avait perdu sa charge de gouvernante des filles aînées du Roi. Je pense qu’elle perdit également sa pension. Et par voie de conséquence elle et sa mère durent quitter le Château. J'imagine que Yolande de MIRMAN repartit dans sa province du Languedoc, où elle mourut à l'âge de 71 ans. Autre conséquence : Jean Baptiste dut trouver à s’employer ailleurs.
A la même époque, les recettes de la Ferme avaient baissé de façon inquiétante. L’institution avait bien tenté de reprendre à son compte le râpage du tabac mais bien sûr, leur produit estampillé restait plus cher, car taxé et sa qualité toujours discutable. Or, plus leurs recettes baissaient, plus les demandes venant des débits de tabac affluaient à l’hôtel des Fermes. La Ferme dut concéder des permissions de râpage à presque tous les débitants. Les marchands de tabac avaient gagné momentanément la partie. Ils purent réemployer des râpeurs comme journalier et les contrôles se firent plus souples. Au pire on payait une amende. En apparaissant comme « journallier » sur l'acte de naissance de sa fille, j’ai imaginé que Jean Baptiste COUDRET avait retrouvé très vite un emploi dans l'arrière boutique de Michel ROBLASTRE. Peut-être moins rémunérateur que le précédent mais il pouvait compter sur un nouveau protecteur pour sa nombreuse famille. D’ailleurs comme le montre l'acte de baptême ci-dessus, Michel ROBLASTRE devint parrain de Marie Françoise en déléguant ce rôle plus qu'honorifique à l'époque, à sa fille Marie Anne.
D'autres marchands de tabac sont cités comme témoin sur les actes de baptême des enfants puinés de Jean Baptiste. Celui-ci garda son statut de « journallier » jusqu’à sa mort qui survint le 30 Avril 1757 à Versailles à l'âge de 43 ans. Sa veuve Marie Anne JOANNIS reprit avec un certain succès et sans doute bénéfice le flambeau puisqu'en se remariant le 7 Juillet 1761 avec un certain Charles MOREL, elle est désignée comme étant « Marchande de tabac »
La « querelle
des râpistes et des anti-râpistes »
Jean Baptiste ne connut pas la « querelle des râpistes et des anti-râpistes » qui connut son apogée en 1772. Jusqu'à cette date, aucune technique aboutie ne permettait d'apprécier vraiment la qualité d'un tabac. Chacun y allait de sa recette et on l'a vu la Ferme avait toléré que la plupart des débitants fassent leur cuisine, histoire d'équilibrer leurs propres comptes. En 1768, Antoine Laurent LAVOISIER, créateur de la chimie moderne, mena des expériences qui permirent à la Ferme [28] de mettre en vente du tabac en poudre « à découvert ». Les acheteurs purent enfin apprécier « par l'oeil, le tact et l'odorat leur camelote ». Celle-ci restait chère mais le public, qui consommait toujours plus, se passionna pour la question du râpage. En gros fallait il légaliser ou pas la pratique du râpage artisanal et ouvrir ainsi le marché ? Question de tolérance certainement. En attendant, les condamnations se remirent à pleuvoir.
Il faut dire que certains débitants n'hésitaient pas à faire des mélanges très douteux [29]. Mais la question ne se pose t'elle pas encore aujourd'hui et en d'autres termes pour certaines substances illicites ? Ce qui est sûr, c'est que le petit métier de « râpeur de tabac » restait prisé à l'avant-veille de la Révolution [30].
Notes de fin
[1] Extrait de « Ainsi vivaient nos ancêtres » - Jean Louis Beaucarnot aux Editions Marabout.
[2] Mon ascendant direct (sosa) N° 258.
[3] Les registres des paroisses de Saint Corneille-Saint Cyprien démarrent en l’an 1575. Il y a trace d’une « Jeanne Coudre » en 1595.
[4] Son coup de main et son coup d'œil feront la bonne barrique qui permettra le vieillissement du vin, de la bière ou de l'alcool.
[5] Née à Saint Rémy l’Honoré, paroisse voisine des Essarts.
[6] Les quatre autres étaient morts en bas âge. Sans doute des suites des misères engendrées par la fin du règne ruineux de Louis XIV, à moins que ce ne soient celles consécutives au Grand Hyver de 1709.
[7] Cet acte, s’il existe encore, doit être dans les registres du bailliage de Montfort l’Amaury dont dépendait les Essarts le Roi, déposés aux Archives Départementales des Yvelines.
[8] L’apprentissage démarrait vers l’âge de 12 ans.
[9] Encore appelé « maçon marchois ». Les maçons du Limousin et de la Marche sont bien connus pour avoir été les bâtisseurs de bien des villes et édifices de France, notamment du château de Versailles au XVIIème et XVIIIème siècles.
[10] Notamment aux étangs Saint Hubert (Le Perray en Yvelines) qui faisaient partie du système hydraulique imaginé par Vauban, alimentant le parc et le Grand Canal du château de Versailles.
[11] Louis est désigné maçon sur son acte de mariage en 1737.
[12] Le 30 Septembre 1737 à Marie Anne THOUIN, originaire des Bréviaires, une paroisse voisine.
[13] Une lavandière désigne toute femme qui lavait autrefois le linge essentiellement avec des cendres et de l'eau chaude, puis à la main ou au battoir, dans un cours d'eau ou un lavoir.
[14] Il n'apparaît jamais comme parrain, ce qui aurait pu lui conférer une certaine position sociale mais comme témoin, un simple prête nom dont le curé avait besoin de temps à autre pour valider les actes de décès.
[15] Future Nationale 10.
[16] Louis-Alexandre de Bourbon, son père, était un fils légitimé de Louis XIV et de Madame de Montespan. Il avait épousé en 1723 Marie Victoire de Noailles.
[17] Soit 30 kilomètres environ.
[18] Marquant le début d’une nouvelle crise frumentaire (1738 – 1742).
[19] La crise de subsistance des années 1740 dans le ressort du Parlement de Paris -Annales de démographie historique 1974 (source Persée). La grippe pulmonaire qui s’en suivit ou la précéda est largement assimilable en nombre de morts à la grippe espagnole. Elle resta toutefois au niveau régional.
[20] Equivalent à 4 500 euros.
[21] Personne nourrie à la Cour aux frais du Roi.
[22] Louis XV eut 10 enfants de Marie Leszczynska, dont huit filles.
[23] Un des épisodes de la guerre de succession d’Autriche (1741 – 1748)
[24] Terme vulgaire devenu désuet au XVIIIème siècle, mais qui était bien synonyme de râper au siècle du Roi Soleil. Aujourd'hui, on dirait sniffer.
[25] La carotte est d’ailleurs devenue l’emblème des débits de tabac.
[26] Mot ancien pour désigner le tabac. En français, pétun est attesté depuis 1558 et il a donné naissance, un peu plus tard, au verbe pétuner : ces mots ont été ensuite abandonnés et ne subsistent plus que dans des patois de l’Ouest et au Canada.
[27] Qui dit monopole dit taxes. Les débitants ne pouvaient officiellement vendre le tabac en feuilles (carottes) plus de 25 à 50 sous la livre royale (suivant la qualité : tabac de Virginie, etc...). Le prix des tabacs en poudre variait également suivant la qualité de 10 à 35 sous l'once. Or il y avait de l'ordre de 16 onces dans une livre. On le voit le tabac râpé pouvait coûter jusqu'à 10 fois plus que le tabac en feuilles. Pour atteindre un large public, non fortuné, mais demandeur, le mélange de tabacs s'imposait.
[28] Dont LAVOISIER qui devint Fermier général entre 1770 et 1774.
[29] Par exemple : « 11 Décembre 1772 : à Caen, condamnation d'un nommé LAFFEUR aux peines du carcan, de la flétrissure et de neuf années de galère, pour avoir vendu et débité de la poudre de tourbe et de tan pour du tabac ». Extrait de « Le tabac sous l'ancienne monarchie » par E. Gondolff - 1914.
[30] La Ferme générale fut supprimée à la Révolution. Les fermiers généraux en payèrent le prix sur l'échafaud. 28 d'entre eux furent guillotinés le 8 Mai 1794, dont Antoine LAVOISIER. Le métier de râpeur se perpétua jusqu'à l'industrialisation des Manufactures.
Bravo Régis pour cet article! Sacré parcours professionnel pour Jean Baptiste! La preuve qu'avant, il n'y avait qu'à traverser la rue! 😉 Mention spéciale pour tes maçons de la Creuse, qui sont le sujet de mon dernier article 😎
Bravo régis pour ce bel article qui a été pour moi une découverte. Je ne connaissais pas ce métier. Encore une fois la famille Coudret nous a réservé une belle surprise. J'ai hâte de connaître la suite des aventures des Coudret à travers l'histoire. Bel été 🌞 Magali
Merci Régis, article original bien documenté et illustré qui nous fait voyager dans le temps. Vivement le suivant !
Encore un très bel article magnifiquement illustré et très bien écrit. Bravo Régis !
Merci Régis pour cet article. Effectivement, je ne connaissais pas ce métier, ce fut très agréable de le découvrir à travers ton article et la vie de Jean-Baptiste.
Merci aussi pour la petite touche musicale 😀