Pierre Claude PAULMIER, tué à la bataille de Granville en 1793 (Deuxième partie)
- Régis COUDRET
- 31 mars
- 15 min de lecture

Préambule
Après l'exécution de Louis XVI le 21 Janvier 1793, de nombreux royaumes européens rejoignirent la Prusse et l'Autriche dans leur guerre contre la France révolutionnaire.
La France était alors gouvernée par la Convention nationale. Les Girondins [1] dominaient cette assemblée, mais les affrontements avec les Montagnards [2] se multipliaient. Pendant les premières années de la Révolution, les classes populaires de Paris avaient laissé les représentants bourgeois rédiger en leur nom des réformes égalitaires. Pourtant, en Février 1793, le peuple restait tout aussi affamé qu'il l'avait été sous l'ancien régime. Frustrés par cette situation, effrayés par les menaces des ennemis de la France, les sans-culottes [3] attendaient le prochain moment d'insurrection en aiguisant leurs piques.

Le 2 mars, la Convention Girondine fit voter la levée en masse de trois cent mille hommes, pris « parmi les célibataires ou veufs de 18 à 25 ans ». Ces hommes devaient venir renforcer les armées déjà présentes aux frontières. En réaction, des manifestations paysannes éclatèrent un peu partout en France. Alors qu'ailleurs, ces jacqueries étaient vite réprimées [4], la Vendée s’organisa autour de « l'Armée catholique et royale ».
Le 12 Mars, une bande d’insurgés occupa la localité de Saint Florent le Vieil dans les Mauges. 550 gardes nationaux de la ville d’Angers, munis de deux pièces d’artillerie, furent alors réquisitionnés pour aller faire « la guerre aux brigands ». Notre lointain cousin, Pierre Claude PAULMIER, faisait partie de ce bataillon.
Pierre Claude PAULMIER,
numéro 1256 dans la Garde nationale angevine

En 1789, Pierre Claude PAULMIER habitait au numéro 2082 de la rue Toussaint à Angers [5]. Sur le rôle de répartition de la capitation [6] pour cette année-là, Pierre Claude était inscrit à cette adresse comme le « Sieur Paulmier, Bourgeois ». En Juillet, Pierre Claude allait avoir 31 ans. Il n’était pas marié et apparemment, exerçait aucun « métier ou commerce ». Déclaré simple « Bourgeois », j’ai donc supposé que Pierre Claude payait l'impôt sur les rentes que son oncle et tuteur, Claude Louis Charles PAULMIER, lui avait remis à sa majorité.

La maison du 2082, rue Toussaint donnait directement sur les remparts du château d’Angers. De son lieu de résidence, Pierre Claude était donc aux premières loges le 17 Juillet 1789, pour assister à la prise du château par la jeunesse patriote de la ville. A la tête d’une petite troupe armée, un certain René Pierre CHOUDIEU, Substitut du Procureur au Présidial d’Angers, s'empara en effet de la place d’armes ce jour-là. René Pierre CHOUDIEU avait 27 ans. Il devint dès le lendemain un des chefs des « Volontaires nationaux d’Anjou ».
Ces volontaires, « où se retrouvaient dans une intime camaraderie, une majorité d’étudiants et de jeunes gens de la bourgeoisie angevine » [7] furent autonomes jusqu’en Avril 1790, avant de fusionner avec la milice bourgeoise qui avait été créée par la Municipalité d’Angers. Les deux corps formèrent alors la Garde nationale angevine [8].
Pierre Claude connaissait peut-être René Pierre CHOUDIEU de longue date [9]. Mais il ne fit pas partie pour autant de ces jeunes volontaires du 17 Juillet 1789, « véritablement engagés de leur plein gré », ni d’ailleurs de la milice bourgeoise constituée de petits bourgeois et d’artisans [10]. Ceux-là s’étaient enrôlés parfois pour une solde complémentaire et continuaient d’exercer leurs métiers et commerces entre deux appels aux armes. Pierre Claude s’engagea dans la Garde nationale d’Angers le 30 Novembre 1790. C’est à dire plus de cinq mois après la promulgation de la loi du 18 Juin 1790 faisant « obligation aux citoyens actifs, et à eux seuls, de s’inscrire au rôle de la Garde nationale » [11]. Pierre Claude n’eut donc pas tellement le choix, même si cette obligation ne fut vraiment appliquée qu'après la destitution du Roi en Août 1792. Il fut inscrit sous le numéro 1256 et eut la charge d'entretenir son uniforme sur ses propres deniers, à l’exception de son fusil.


Je ne pense pas que Pierre Claude se soit inscrit pour autant contre son gré. Il subit plutôt l’influence de sa famille. A commencer par son ancien tuteur. Claude Louis Charles PAULMIER, Lieutenant à l'Election d'Angers en 1789, était acquis aux idéaux de liberté, plus que d'égalité, qui avaient été promulgués dans la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen en Août 1789. Il fit d’ailleurs partie avec un de ses cousins issu de germain, Aimé COURAUDIN de la NOUE, Conseiller au Présidial [12], des trente notables qui formèrent la première Municipalité d’Angers autour de Louis Charles Auguste de HOULIERES [13]. La plupart de ces notables partageaient les mêmes idées. Notamment, celles d’une monarchie constitutionnelle et d’un marché libre, qu’ils imaginaient dans une fédération des provinces d’Anjou et de Bretagne. Ils œuvraient dans ce sens, dans les « Sociétés populaires » qui s’étaient constituées à partir de Juin 1789. Un autre cousin issu de germain éloigné de Pierre Claude, Thomas Gabriel DESMAZIERES, habitant Beaulieu sur Layon, fut élu comme Député du Tiers-Etat dès le mois de Mars 1789 pour la constitution des Etats Généraux.
Sur les conseils de ses aînés et « possibles mentors », mais aussi parce qu'il était désireux d'action, Pierre Claude finit par revêtir l’uniforme « bleu-blanc-rouge » de la Garde nationale. En Mars 1793, Pierre Claude était donc un vétéran, même si, comme nous allons le voir, je pense qu'il n'avait pas encore vraiment tiré un coup de fusil au moment où les Vendéens se soulevèrent.

La Garde nationale jette ses canons dans la Loire à Chalonnes-sur-Loire
Le 22 Mars 1793, Pierre Claude est à Ingrandes sur les bords de Loire. Il est au Quartier général du Général Jean Marie Gaspard GAUVILLIERS et il écrit à sa sœur, la citoyenne Marie Charlotte PAULMIER : « Mon adresse est au citoyen Paulmier dans le dixième peloton du détachement du bataillon en garnison au quartier général à Ingrandes, commandé par le citoyen Béraud ».

Ce jour-là, GAUVILLIERS prenait conscience de la faiblesse de sa colonne. Face à ses 550 gardes angevins réquisitionnés le 20 Mars, des bandes jusque-là dispersées, se rassemblaient autour de chefs vendéens. Jacques CATHELINEAU et Maurice d’ELBEE furent bientôt rejoints par Jean Nicolas STOFFLET avec 8 à 10 000 insurgés. Dans son courrier, Pierre Claude semble insouciant du péril imminent : « A la citoyenne Paulmier, rue du Pilori à Angers ,… Pour revenir aux nouvelles de la guerre, Ingrandes ressemble dans ce moment ci à une ville frontière : les brigands au nombre de d’environ deux cents y vinrent hier au soir et désarmèrent les habitants sans leur causer aucun dommage. Les habitants nous ont dit à notre arrivée qu’ils étaient rassemblés en ce moment en assez grand nombre du côté d’Ancenis... ». Même si les Vendéens étaient essentiellement sur la rive gauche du fleuve, ils commençaient des incursions sur la rive droite : « Des volontaires nantais qui arrivent dans ce moment nous annoncent qu’ils ont purgé la route de malveillants, qu’ils les ont forcés à repasser de l’autre côté de la Loire après leur avoir pris deux canons. [...] Tu vois d’ici, ma chère sœur, que la guerre ne sera pas infiniment dangereuse ».

GAUVILLIERS décide de descendre vers Saint Florent le Vieil à la rencontre des insurgés : « de peur que ces drôles ne reviennent à la charge, nous comptons leur donner une bonne chasse, à cet effet nous passerons du côté de Saint Florent pour tomber sur ceux qui tiennent du côté de Chemillé et de Cholet ».

Mais le soir même, la Garde nationale jette ses canons dans la Loire à Chalonnes-sur-Loire et se replie sur Angers. La ville d’Angers envoie tous ses défenseurs possibles, près de 4 000 hommes avec 5 canons à leur rencontre. C’est trop peu et trop tard, Les Vendéens poursuivent la Garde nationale.
En pleine retraite, Pierre Claude conclut une autre lettre par un vibrant : « Quand la patrie est en danger on doit tout sacrifier plaisir repos et santé ; tels sont les sentiments qui ont animé et ne cesseront d’animer ton très affectionné frère ».
Pierre Claude n’eut pas à se sacrifier ce soir-là. Après leur victoire de Chalonnes-sur-Loire, les Vendéens s’arrêtèrent aux Ponts-de-Cé au Sud d’Angers. Le lendemain, ils se diluèrent dans les Mauges. Le gros de leurs troupes, constitués de paysans, retournèrent dans leurs fermes. Ils devaient certainement penser à leurs semailles. Angers pouvait respirer…

Peut-être rassuré sur son sort, Pierre Claude ajouta en post-scriptum : « Le métier de la guerre me donne de l’appétit, tu sais que la faim est le meilleur assaisonnement de tous les mets ». Il prie sa sœur « de ne point l’oublier auprès de Mesdames Maunoir, Antier et autres qui te demanderont de mes nouvelles ». Il conclue : « Je t’embrasse ma sœur la recluse ».
Pierre Claude PAULMIER,
en route pour la région de Nantes
Marie BARABE et sa fille Marie Charlotte étaient effectivement confinés dans leur maison à Angers. Marie Charlotte s’occupait de sa mère, qui avait du mal à se remettre d’un accident survenu quelque temps auparavant. Pierre Claude, dans un nouveau courrier à sa sœur, s’en inquiète : « Je suis bien fâché de l’accident survenu à ma mère, dis-lui que je lui souhaite une meilleure santé et surtout qu’elle n’ait pas besoin de vin vieux [14] ». Pierre Claude se préoccupe aussi du sort réservé à leur maison de Beaulieu : « Fais-moi réponse par le premier ordinaire et me mande si la maison de ma mère a été pillée et quel brigandage on a commis dans le pays circonvoisin ». Beaulieu était alors à l’avant-garde de ce qui devenait la Vendée militaire [15].

Les jours suivants, GAUVILLIERS et ses nouvelles troupes installèrent leur campement à Varades, d’où Pierre Claude écrit à sa sœur : « Plus la saison avance et plus les brigands montrent des forces. Saint Florent qui est devenu le principal boulevard de la Révolte n’est pas encore assiégé, [...] Je crois que le siège recommencera incessamment, on fait venir d’Angers de la grosse artillerie afin de les bombarder. Ils ont arboré sur le clocher de l’église conventuelle le pavillon blanc et sur leurs chapeaux la cocarde signe manifeste de rébellion… Notre séjour est prolongé à Varades jusqu’à la fin du siège. C’est bien le plus maudit séjour pour une garnison qui soit d’ici à bien loin… »
Le siège dure et même s’il ressent un certain ennui à attendre un ordre de marche, Pierre Claude continue de s’enthousiasmer pour la vie militaire : « Je t’avouerai que la vie militaire a du charme pour moi et que malgré mon âge je veux m’y donner tout entier… une telle vie est plus conforme à mes goûts que le silence d’un cabinet. C’est bien là l’occasion de dire qu’on ne peut pas répondre de soi d’un moment à l’autre ».
L’ordre de se mettre en route vint enfin. La ville de Nantes menacé par les Vendéens de François CHARETTE de LA CONTRIE, avait demandé de l’aide à Angers. Celle-ci décide d’envoyer GAUVILLIERS avec 900 hommes et 5 canons en renfort. Le 1er Avril, il fait mouvement vers Nantes : « En voilà assez pour le bourg de Varades où l’on trouve avec peine de l’encre et des plumes. J’ai envoyé à Madame Landon la clef de ma commode, je te serai obligé de la lui demander. Pour le moment, je n’ai besoin de rien mais à mon arrivée à Nantes je t’enverrai le détail des choses qui me seront le plus nécessaires ; un militaire de la République ne voyage pas en petit maître, il doit vivre de peu et se tenir propre. A mon arrivée à Nantes ma première occupation sera de t’écrire... »
Ce qu’il fait le 5 Avril : « Après bien des fatigues, nous voici enfin arrivés à Nantes. Nous n’avons mis que 5 jours à faire ce voyage ». Sa lettre montre assez bien que jusqu’à cette date, il n’a pas dû voir grand-chose de la guerre et de son cortège d’horreurs. Il s’est contenté de commenter des mouvements de « brigands » sans vraiment faire le coup de feu. Dans ce courrier, Pierre Claude se contente de décrire à sa sœur un séjour à Nantes plutôt confortable : « Tout ce que je puis te dire pour le moment c’est que nous avons tombé chez une veuve à son aise qui nous couche, nous nourrit et par-dessus tout cela nous fait la meilleure mine possible, les politesses ne sont point fardées, tu vois bien que nous n’avons encore cueilli que des roses. » Il fait même du tourisme : « J’emploie le loisir que j’ai ce matin pour te donner de mes nouvelles, le reste de la journée sera consacré à voir les nouveaux bâtiments construits au-dessus de la Comédie » et quelques visites à « Mesdames Landau et Guilmard ».

Les massacres de Machecoul
Pourtant la guerre ne faisait que commencer. Fin Mars 1793, la ville de Nantes était quasi assiégée par les Vendéens. Le Général Augustin de La BOURDONNAYE, Major général de la Garde nationale de Nantes, constatant la situation, informa la Convention qu'il n'a trouvé sur place aucune force disponible à leur opposer. On lui promit des renforts. Ceux-ci arrivèrent d’Angers avec GAUVILLIERS et ses Gardes nationaux et de Lorient avec Jean Michel BEYSSER.
Comme à Angers le 23 Mars, les Vendéens n’osent pas s’aventurer dans Nantes. En revanche, ils occupent facilement les bourgs environnants, pour mieux s’évaporer dans les campagnes lorsque les Républicains arrivent en force. Pierre Claude note : « Le général La Bourdonnaye est parti ce matin avec deux mille cinq cents hommes pour aller du côté de Machecoul à sept lieues de Nantes ».

Machecoul était tenu par CHARRETTE depuis la mi-Mars. Les « Blancs » y fusillèrent des gendarmes et des gardes nationaux. Les Bleus vont alors mener des représailles en nombre, mais Machecoul reste aux Blancs. Ces massacres augurent seulement de la guerre totale qui s’engage alors de part et d’autre. Pierre Claude en témoigne début Avril : « Je crois que nous ne serions de sitôt voir le calme rétabli …». Pour le moment, Pierre Claude profite encore de la vie nantaise. Le soir du 5 Avril, il est en galante compagnie : « Madame Coutard avec laquelle j’étais, me dit qu’on en voulait à son brulant patriotisme. » Dans cette situation, notre cousin n’a pas de mal à philosopher : « j’étais toute réflexion pour dire avec le docteur Pangloss que tout est pour le mieux » [16].
Le lendemain, Samedi 6 Avril, fut peut-être le véritable baptême du feu de notre « candide ». Pierre Claude écrit le 9 Avril à sa sœur : « Nous avons vu l’ennemi de fort près Samedi dernier, nous avons fait un feu qui a duré environ trois quarts d’heure, les balles nous passaient sur la tête en sifflant nos oreilles. Le carnage n’a pas été grand, nous n’avons blessé que quatre ou cinq hommes qui ont été pris et emmenés au château. Ces brigands dans leur interrogatoire ont tous chargés les gentilshommes du voisinage ». Dans la même lettre, il se prépare « à partir demain à sept heures du matin en expédition dont je ne pourrai t’apprendre le résultat que dans ma première lettre ». Il prend conscience aussi que « si la guerre … n’avance pas plus que celle que nous faisons ici, l’été ne nous reverra pas à Angers ».


Les escarmouches se multiplient mais Pierre Claude garde toujours son optimisme. « Je prends le temps comme il vient, en conséquence je me trouve moins travaillé d’inquiétude que ceux qui maudissent leur sort ». Et il se donne du bon temps entre deux expéditions. « Je compte faire la belle jambe à Nantes, j’irai courtiser les belles dans l’intervalle que nous donnent les courses. Les fatigues de la guerre ne doivent pas faire abjurer le dieu de la tendresse ». Alors il se fait livrer ce qu’il faut pour faire le beau : « je te serai obligé de me faire tenir les objets ci-après dénommés savoir 3 paires de bas de fil blanc, [...] une culotte de kasimir, tout ce que tu trouveras de gilets blancs dans mon armoire [...] envoie aussi un peigne pour démêler mon épaisse chevelure ». Avec « tout cet attirail, la dame chez qui je loge m’engage à faire la cour à une nantaise fille unique fort aimable et fort patriote … ».
Le château d’Aux
On ne saura jamais si Pierre Claude reçut le colis demandé à sa sœur. Le lendemain du départ de sa lettre du 9 avril, « nous partîmes de Nantes pour aller en garnison à deux lieues de la ville dans un château qu’on aurait dit bâti pour les fées […] dont le propriétaire est un citoyen nommé D’Aux américain fort riche [...] le lendemain; nous fûmes attaqués par les brigands qui étaient environ de douze à quinze cents; comme ils n’avaient pas d’artillerie nous les repoussâmes après une attaque qui dura deux heures … Nous leur tuâmes plusieurs personnes, nous n’avons pas pu savoir au juste le nombre de ceux qui ont péri dans cette action. Aucun garde national n’a reçu la moindre égratignure ».

Epilogue
Au château d'Aux [17] Pierre Claude vit ce qu’il en était de la guerre et il en tira quelques réflexions : « Je fus témoin de ces scènes sanglantes qui font frémir l’humanité [...] Je souhaite bien sincèrement persister dans la même façon de penser mais je puis t’assurer que mon cœur n’est pas plus endurci. Je remercie le ciel de ne m’avoir pas donné une âme sanguinaire ». De toute façon, sa première campagne se terminait : « Mais dissipes tes larmes chère sœur, nous allons renter dans nos foyers… je compte être de retour lundi prochain, nous quittons Nantes demain matin, il ne nous faut que trois jours pour arriver à Angers. Le plaisir de revoir les dieux pénates donnera du courage aux plus paresseux.». Nous ne saurons jamais si le voyage du retour lui prit effectivement trois jours, ou s’il rencontra d’autres « brigands » en chemin qui le retardèrent. Pierre Claude dut rentrer dans ses pénates à Angers, car Beaulieu était alors acquis aux Blancs. Et il ne faisait sûrement pas bon s’y promener avec la cocarde républicaine. Mais la guerre était loin d'être terminée. Nous verrons ce qu’il advint de Pierre Claude dans un prochain et dernier épisode.
A suivre prochainement : Pierre Claude dans la tourmente de « la Virée de Galerne ».
Notes de fin
[1] Les principaux dirigeants des Girondins venaient du département français de la Gironde, d'où le nom donné à leur parti.
[2] Nommés ainsi pour leur tendance à s'asseoir au sommet des gradins lors des réunions de la Convention.
[3] Littéralement, sans culotte de soie.
[4] La révolte immédiate n'est pas seulement angevine : du Nord à Toulouse, de la Bourgogne à l'Orléanais ou à l'Alsace, éclatent de véritables émeutes, partout réprimées au début d'Avril 1793.
[5] Actuel emplacement de l’Office de tourisme d’Angers.
[6] Ce cahier permet de retrouver par rue, le nom d’un résident associé au montant de la capitation qu’il paye, c'est-à-dire en gros de son impôt sur le revenu. La capitation avait été institué sous Louis XIV en 1694.
[7] Xavier de PETIGNY, « Beaurepaire et le 1er bataillon des volontaires de Maine-et-Loire à Verdun Juin-septembre 1792 ».
[8] D’après Wikipedia : « la Garde nationale était une milice citoyenne française levée pour la première fois à Paris à la mi-juillet 1789 et rassemblant des milices bourgeoises qui s'étaient spontanément créées à l'annonce du renvoi de Jacques NECKER et d'une concentration de troupes royales autour de la capitale. À partir du 20 juillet 1789, des formations armées se créèrent également en province, dans le cadre de la Grande Peur; elles furent ensuite confirmées comme Garde nationale. »
[9] Dans un courrier que Pierre Claude avait écrit à sa sœur le 28 Mai 1783, il est en effet question d’un certain CHOUDIEU, venu lui rendre visite : « je chargerai Choudieu que tu connais de remettre à la poste la lettre que je t’écris… ». Or, René Pierre CHOUDIEU avait à peu près le même âge que Pierre Claude, était issu du même milieu bourgeois ( Le père de René Pierre CHOUDIEU avait été Maître grenetier au Grenier à sel d’Angers) et il était aussi passé par l’Oratoire du Louvre avant de s’orienter vers une carrière militaire qu’il dut abandonner, faute d’être noble. Il est donc possible que les deux hommes se soient connus.
[10] Les registres des rôles de la Garde nationale conservés aux Archives départementales du Maine et Loire font voir une sur représentation de la petite bourgeoisie en son sein.
[11] Claude PETITFRERE, « Les Bleus d’Anjou (1789 – 1792) » - 1985
[12] Aimé était un cousin issu de germain de Claude Louis, par sa grand-mère Françoise Julienne JARRY, mais aussi son voisin. Tous deux habitaient rue Saint Michel à Angers.
[13] D’après l’ouvrage « La municipalité d’Angers en 1790 » de F. UZUREAU, Directeur de l’Anjou Historique - 1919
[14] Comme le vin vieux pouvait tout aussi bien être utilisé au XVIIIème siècle contre la rage, la peste, ou une rage de dent, on ne saura jamais ce dont Marie BARABE souffrait.
[15] Le tirage au sort qui devait se faire à Beaulieu, pour envoyer des hommes supplémentaires aux frontières, n’avait pas pu se faire. Un piquet de vingt hommes qui se transporta d’Angers avec trois gendarmes et un citoyen du nom d’O’BRUMIE furent repoussés par les gens du pays.
[16] Pierre Claude fait bien sûr référence à Maître Pangloss dans le « Candide ou l'Optimisme » de Voltaire (1759)
[17] La véritable bataille d’Aux eut lieu le 10 Août 1793. Les Vendéens furent repoussés et leur général blessé. Le château fut aussi le théâtre du massacre des habitants du pays par les républicains les 2 et 3 avril 1794, un an après le passage de Pierre Claude dans ces murs. Le chef de bataillon, Léopold Hugo, père de Victor Hugo, fut témoin de ces exécutions sommaires. Il tenta en vain de s'y opposer.
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